Un problème majeur de santé publique

Philippe Lagarde

Pour combattre certains micro-organismes pathogènes, le recours aux antibiotiques s’est révélé particulièrement efficace ces dernières décennies. Problème: les spécialistes s’alarment de la résistance de plus en plus forte de certaines bactéries aux traitements à base d’antibiotiques.
L’inefficacité croissante des médicaments pour combattre les infections bactériennes pose clairement un véritable problème pour les professionnels de santé.
Certaines bactéries peuvent être la cause de nombreuses maladies infectieuses lorsqu’elles parviennent à franchir les barrières naturelles du corps humain – principalement la peau et les muqueuses – dont le rôle est d’empêcher la contamination. Le plus souvent, les maladies bactériennes mortelles sont les infections respiratoires: la tuberculose à elle seule tue environ 2 millions de personnes par an, principalement en Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, les infections bactériennes peuvent être traitées grâce aux antibiotiques, qui le plus souvent inhibent une de leurs fonctions vitales. Par exemple, la pénicilline bloque la synthèse de la paroi cellulaire.

Quand les bactéries s’adaptent aux antibiotiques

Mais les spécialistes s’alarment de l’émergence de superbactéries résistantes à tous les traitements. Au fil des ans, certaines bactéries se sont en effet adaptées aux molécules thérapeutiques de l’industrie pharmaceutique; elles ont évolué et muté génétiquement afin de touver des parades efficaces pour survivre. Le phénomène de résistance aux antibiotiques s’aggrave et est devenu l’un des sujets de santé parmi les plus préoccupants de la médecine moderne. Le cas le plus connu du grand public est sans doute le staphylocoque doré, une bactérie pathogène pour l’homme, de plus en plus présente dans les hôpitaux. Super-résistante, elle provoque de graves infections nosocomiales. Moins connue, la bactérie Klebsiella pneumoniae (qui provoque des troubles pulmonaires) s’avère encore plus redoutable: face à certaines souches, les médecins ne disposent plus que d’un seul traitement et celui-ci n’est efficace que sur 50% des patients. De même, 80% des souches responsables de la gonorrhée sont désormais insensibles à la tétracycline; même les médicaments les plus puissants commencent à montrer des signes de faiblesse et plus de 300 cas de bactéries tolérantes à  ces composés ont déjà été signalés en quelques années.

Une liste des superbactéries les plus menaçantes

Et les risques d’une crise sanitaire majeure s’amplifient de jour en jour. En mai 2016, une bactérie porteuse du gène de résistance totale aux antibiotiques a été identifiée pour la première fois chez une patiente atteinte d’une infection urinaire. Même l’antibiotique << de dernier recours >> s’est révélé inefficace… Un mois plus tard, un deuxième patient était signalé. En cause, le gène MRC-1, qui dispose de la capacité de passer d’une bactérie à l’autre, pouvant ainsi propager la résistance aux antibiotiques à plusieurs espèces bactériennes. La généralisation de l’antibio-résistance constitue donc un scénario catastrophe de plus en plus probable.

Science & Univers Aout 2017

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