On savait déjà qu’une bactérie, l’helicobacter pylori, était l’éventuelle responsable de la plupart des cas de cancers de l’estomac. Une autre bactérie, Fusobactérium nucleatum, serait liée aux adénocarcinomes colorectaux.
Au cours des dernières années, les travaux scientifiques ont fait remarquer que certaines bactéries colonisaient de façon très anormale certains types de tumeur, en particulier les adénomes et adénocarcinomes colorectaux. Cette cohabitation, au minimum, influerait sur le processus de progression de ces cancers et, pourquoi pas, sur la transformation maligne de cellules normales participant ainsi à la naissance du cancer.
«Nos résultats démontrent une association entre fusobacterium et les cancers du côlon. Cela soulève la possibilité que fusobacterium puisse jouer un rôle moteur dans la cancérogénèse», explique le Dr Aleksandar Kostic (Harvard)
L’équipe de Matthew Meyerson à Harvard (Boston) puis une autre équipe américaine ont annoncé, eux aussi, avoir décelé cette bactérie dans des tumeurs du côlon.
Deux choses surprennent les chercheurs :
En premier lieu, que si le Fusobacterium nucleatum est rare dans le côlon, il est en revanche un pathogène bien connu dans la bouche, souvent responsable de parodontites, des inflammations qui peuvent entraîner des déchaussements de dents et sa capacité à pénétrer dans les cellules épithéliales et à produire des filaments inflammatoires suggère un rôle actif dans la maladie.
En second lieu, encore plus étonnant, d’autres scientifiques de l’université de Harvard ont découvert que cette bactérie se retrouve en grande quantité dans les métastases de ces tumeurs intestinales. Cela suppose que la bactérie voyage avec les cellules cancéreuses lors de la dissémination métastatique, ce qui fait penser que sa présence est une composante indispensable à l’évolution de ces tumeurs.
On peut avancer, sans beaucoup de risque d’erreur, que la bactérie favorise la transformation maligne au travers de l’inflammation chronique et en agissant sur certaines cellules ayant déjà subi des altérations génétiques.
Découlant de tout cela, on peut penser que suivant l’alimentation des sujets, on pourrait modifier la flore intestinale et favoriser la carcinogenèse ou au contraire la bloquer. Augmenter la proportion de bonnes bactéries, tout en diminuant celle des mauvaises (comme fusobacterium) diminuerait le risque de cancer colorectal. Rien qu’en intégrant des végétaux et augmentant les fibres on transforme rapidement le microbiome intestinal (Bullman et coll. 23 nov. 2017 Revue Science).
Enfin, les scientifiques ont observé que l’administration d’un antibiotique actif sur les bactéries anaérobies (Metronidazole) diminue la quantité de Fusobacterium et réduit la prolifération des cellules cancéreuses et la croissance de ces tumeurs.
Ceci démontre une fois de plus que POUR PRÉVENIR LES CANCERS DIGESTIFS LA PREMIÈRE CHOSE C’EST D’INTERVENIR SUR LES HABITUDES ALIMENTAIRES ET LE MICROBIOTE INTESTINAL.
A bon entendeur, salut.