Depuis quelques années nous assistons au développement d’une mode préoccupante, aidée par une presse trop crédule et un public plus que naïf : la mode des régimes alimentaires. Qui n’y va de ses recettes, qui n’écrit son livre ? Les uns suppriment les graisses, les sucres, les protéines, les céréales, les autres augmentent d’autres aliments, certains font jeuner… Pauvres patients, ils ne savent plus à quel saint se vouer, ils ne savent plus qui a raison, qui a tord. Enfin, ils sont désemparés. Même pour un scientifique spécialiste de l’alimentation, faire le point dans cette « jungle alimentaire » , est très compliqué car, dans presque tous les cas, il y a le pour et le contre.
Après de longues méditations et avant d’exprimer mon avis, j’en suis arrivé à me poser2 questions :
- Quels pièges doit-on éviter ?
Le plus important, est d’avoir un raisonnement trop simpliste. Noel Fiessinger disait : « En médecine, deux plus deux, font rarement quatre, mais plus souvent trois ou cinq ». Ce qui veut dire que dans un organisme les mécanismes biologiques sont si nombreux et si compliqués, que les résultats sont souvent peu logiques et surprenants.
L’exemple de la cellule cancéreuse est typique. De quoi s’alimente-t-elle ? De sucres, de facteurs de croissance, d’oxygène, de polyamines. Le raisonnement simpliste est donc : supprimons lui ces 4 ingrédients. Belle affaire, mais comment ? nous respirons l’oxygène, la flore intestinale fabrique des polyamines, le glucose est indispensable à notre cerveau, Les facteurs de croissance sont fabriqués par l’organisme et certains sont indispensables (hormones).
C’est dans ce genre de piège que les américains ont plongé tête baissée dans les années 80 avec leur « low fat » (suppression des graisses). Cela a provoqué un déséquilibre alimentaire monstrueux (sucres) créant une énorme augmentation de l’obésité d’une part, et d’autre part, un pic impressionnant de la mortalité par maladies cardiovasculaires. Ils n’avaient pas pensé que les lipides jouent un rôle important en dehors d’être la cause de l’embonpoint (fluidité des membranes cellulaires, développement du cerveau, réserve d’énergie). Ils avaient oublier aussi que le cholestérol est essentiel pour la production d’hormones sexuelles, de cortisol. La bio physiologie du corps humain ne se manipule pas « simplement ». Il faut être PRUDENT.
Faut-il expérimenter avant d’appliquer sur une grande échelle ? Certes. Mais là encore il ne faut pas perdre de vue 3 notions importantes :
- Il y a une grande différence entre la médecine (science non exacte) et la chimie et la physique (sciences exactes). « Contrairement au médecin, le chimiste ou le physicien est maitre de tous les éléments du phénomène qu’il va étudier, il connait exactement les propriétés de chacun des produits qu’il va manipuler » Jean LEDERER. Ce n’est JAMAIS le cas pour le médecin;
- La multiplicité des substances intervenant dans l’équilibre d’un être vivant rend problématique les résultats de toute expérimentation;
- CHAQUE INDIVIDU EST DIFFERENT.
Donc, prudence, et ayons l’humilité de reconnaitre que nous connaissons encore si peu de choses…
2. Quels sont les points importants à respecter pour bâtir une diète alimentaire destinée à la prévention des grandes maladies : cancers, maladies cardiovasculaires, diabète en particulier ou accessoirement pour les diètes amaigrissantes.
Le plus important est de diminuer l’absorption et d’augmenter l’élimination DES RADICAUX LIBRES car ce sont eux qui sont nos ennemis, ce sont eux qui attaquent la membrane de nos cellules, ce sont encore eux qui détériorent notre ADN et sont a la base de toutes les grandes maladies.
Il faut, avant de penser (justement) à diminuer les graisses, les protéines ou les sucres, s’occuper des radicaux libres. Pour cela il est impératif :
- D’éliminer de nos aliments toutes les substances contenant colorants, pesticides, aliments fumés, nitrates, nitrites, édulcorants (saccharine, cyclamates), émulsifiants ( margarines) ,alcool, tabac. Lorsque l’on voit des enfants manger des pates à tartiner au cacao et fruits secs, boire des boissons sucrées gazeuses à longueur de journée, ou encore, une maman qui se met en diète bio et continue à fumer, ce que je viens de dire semble risible.
- De capturer les radicaux libres qui sont dans l’organisme. Des molécules dites anti oxydantes apportées de l’extérieur (exogènes), en sont capables : Vitamines C, E, A, le Glutathion et ses précurseurs, des fibres végétales, de nombreuses plantes et fruits. L’apport des minéraux et du glutathion permet la reconstitution des défenses endogènes qui existent déjà ( Enzymes).
Une fois que ceci est fait, alors on peut penser à modifier le type d’aliments que vous allez consommer en fonction de votre cas personnel et vos efforts ne seront pas vains.
LES SUCRES
Après le low fat, qui consistait à exclure les graisses, nous assistons au low carb qui bannit les sucres, une tendance très forte aux Etats Unis qui se communique à l’Europe. PRUDENCE, ne commettons pas l’erreur de croire que les « bons sucres » ne servent à rien et que l’on peut décider tout simplement de les supprimer. Ainsi le glucose est vital pour les muscles, le cerveau pour lequel il est l’unique source d’énergie.
A quantité égale, tous les aliments riches en glucides n’ont pas les mêmes effets. Les bons sucres sont en principe ceux qui possèdent l ‘index glycémique le plus bas, qui sont assimilés lentement par l’organisme et procurent de l’énergie au fur et à mesure des besoins de la journée. Mais cet indice glycémique varie selon le mode de fabrication et de cuisson … Rien n’est simple. Donc, plutôt que se fier à une liste d’aliments recommandés ou non, mieux vaut avoir de bonnes habitudes nutritionnelles. Ceci dit, il est évident qu’en général on doit DIMINUER ( mais pas supprimer) la quantité de sucre que nous consommons même si ce sont des bons sucres. Trop de sucres veut dire dérèglement du métabolisme de l’organisme, fabrication de graisses (en particulier par le foie), entraine des états dépressifs, et en cas de cancer représente un facteur de croissance important. Mais là encore, ce n’est pas si simple que cela. Un cancer avancé consomme beaucoup de sucre. Si le patient n’en consomme pas assez il se retrouvera en hypoglycémie pouvant être mortelle. Donc, je n’arrêterai pas de prêcher la PRUDENCE. La présence d’un spécialiste au coté du patient est donc souhaitable. Encore faut-il que ce spécialiste soit compétant et non extrémiste. Se rappeler que les extrêmes ont rarement raison.
Les édulcorants de synthèse sont à bannir totalement. « Ils n’ont que des inconvénients et aucun avantage. Ils sont même extrêmement dangereux et, en fin de compte, favorisent l’obésité, les travaux scientifiques sont clairs et nets. » David Ludwig Harvard (USA). Seuls les lobbies les défendent encore.
Mieux vaut manger des « vrais sucres » provenant des fruits entiers, non pressés à faible charge glycémiques (fructose, maltose); La dose journalière doit représenté 10 à 15% des calories quotidiennes.
LES GRAISSES
On revient peu à peu sur l’idée bien établie qu’il existait des « bonnes » ou mauvaises « graisses ». Les acides gras et le cholestérol sont les constituants majeurs des membranes cellulaires. Si les acides gras saturés ont été longtemps considérés comme toxiques pour les artères cela tient à la phobie du cholestérol les scientifiques commencent à revoir leur copie. De nombreux essais cliniques semblent démontrer que se passer d’acides gras saturés serait aussi une erreur. Mais il est aussi évident qu’il ne faut pas en consommer trop. Il est confirmé que les Omega 3 sont très importants et que le rapport entre Omega 3 et 6 doit être bien équilibré, et pour cela il faut diminuer au maximum les Omega 6 et augmenter les Omega 3. Ceci parce que les aliments industriels actuels sont beaucoup trop riche en Omega 6, favorisant l’inflammation et diminuant l’action favorable des Omega 3. Le rapport idéal est de 1 Omega 3 pour 5 Omega 6. (actuellement dans les aliments industriels le rapport moyen est de 1 Omega 3 pou 15 Omega 6.
Conclusion : Toutes les graisses sont nécessaires au fonctionnement de l’organisme. Pas question d’appliquer des régimes éliminant totalement les graisses qu’elles soient saturées ou insaturées. Ce qui est important c’est le dosage et l’équilibre entre les différents acides gras. La part des lipides dans l’alimentation est de 40%.
LE GLUTEN
Il y a environ un million de Français réellement intolérants au gluten et qui doivent supprimer, le blé, l’orge, le seigle de leur alimentation.
Ces régimes sans gluten pourraient être amincissants, ou encore faire mieux digérer, voire guérir certaines pathologies inflammatoires. Mais cette pratique n’est pas sans risque pour la santé. Un régime strictement sans gluten est très difficile à suivre, il nécessite de nombreuses privations, complique sérieusement les choix alimentaires, et peut induire des carences. Ce n’est pas le fait de bannir totalement le gluten qui est dangereux en soi pour la santé, mais c’est ce qui vient remplacer le gluten qui peut poser problème, surtout si le patient décide du régime de sa propre initiative. On risque de tomber dans des carences en glucides, en vitamines, en minéraux, en fibres. La perte de poids est, au début du régime, assez spectaculaire mais elle est totalement artificielle. Il y a également un risque réel de fatigue et de fragilisation au niveau du tube digestif. Sur le long terme, un régime sans gluten peut provoquer des troubles digestifs importants, notamment des diarrhées. Un contrôle régulier par un diététicien averti est donc souhaitable.
« La responsable de l’AFDIAG (Assocation française des intolérants au gluten) s’indigne avec raison de voir que ce régime sans gluten, si contraignant et vital pour les vrais intolérants, soit récupéré comme une mode bien-être.
LES PROTEINES
Le premier problème rencontré lors de la consommation des protéines animales (80 % des protéines consommées par l’homme) sont les substances toxiques et dangereuses que l’homme donne aux animaux soit par l’alimentation, soit par injection. Hormones, médicaments, vaccins, produits chimiques (pesticides par exemple). De plus les hommes rompent avec les lois de la nature en donnant à ces animaux des aliments qui leur sont incompatibles, par exemple donner des farines de poissons aux bovins. Avez-vous entendu parlé d’une vache qui a mangé un poisson ? Croyez vous que la nature a voulu cela.
Rien que cela fait que logiquement nous devons éviter le plus possible de consommer des animaux dits à viande. La viande rouge en particulier est à proscrire. Les viandes blanches, les volailles, bio, à la rigueur sont acceptables en quantité modérée.
Les protéines animales, si elles sont elles aussi indispensables, seraient remplaçables partiellement par des protéines végétales. Mais en notre monde moderne ce n’est pas si évident.
Les régimes hyper protéinés à visée surtout amaigrissante ou augmentation de la masse musculaire (Fitness) sont plus que discutables et souvent dangereux. Le régime DUKAN est l’exemple le plus en vogue. Le principe du régime favorise les protéines au détriment des glucides et des lipides. La forte réduction de l’absorption de glucides et de lipides oblige le corps à puiser dans ses réserves de graisse (les adipocytes) pour faire fonctionner les muscles. Le corps va fabriquer des corps énergétiques (acides cétoniques) qui devront être filtrés par les reins. Les réserves de graisse vont fondre et libérer des acides gras dans le sang, ce qui fera davantage travailler le foie et les reins.
les protéines ne font pas maigrir : c’est la diminution d’apport des lipides et glucides qui va permettre la perte de poids, les protéines vont uniquement permettre d’assurer les fonctions vitales de l’organisme.
Les régimes de ce type, qui portent le nom de régimes cétogènes sont à déconseiller formellement, en particulier aux patients oncologiques.
ALORS QUEL REGIME CHOISIR ME DIREZ-VOUS ?
N’attendez pas de moi la création d’un nouveau régime type miraculeux, pour une bonne raison, c’est qu’il n’existe pas.
Je ne puis que vous donner des grandes lignes et quelques conseils importants à respecter le plus possible.
Ensuite, c’est vous qui devez trouver votre voie, pour la bonne raison que nous sommes tous différents.
Ces grandes lignes je les résume en quelques mots :
Nous sommes tous différents et notre organisme nous parle et nous devons l’écouter. Si vous ne l’entendez pas, c’est que vous ne savez plus, ou ne voulez pas, l’écouter. Pourtant il vous dit ce qu’il ne veut pas, ce qui ne va pas. Lorsque vous avez des maux de ventre, des céphalées, des douleurs articulaires, des démangeaisons, des crampes, que croyez vous que cela soit sinon votre corps qui vous appelle au secours.
PRUDENCE. Si vous changez d’habitudes alimentaires faites le progressivement. Ne faites pas comme ces médecins qui appliquent la dose maximale d’un médicament d’emblé, sans vérifier la tolérance du malade.
Toujours avoir à l’esprit que le point essentiel de tout régime est de favoriser la lutte contre les radicaux libres. Ceci sous-entend d’éviter les aliments industriels, d’éviter au maximum tout aliment contaminé par les produits chimiques même si nous savons que nous n’échapperons pas à tout ce qui nous environne, de veiller a l’apport régulier des molécules anti oxydantes indispensables.
Enfin, la diète idéale doit d’abord respecter un équilibre entre les sucres (15%), les lipides (40%) et les protéines (35 à 45%).
Rappelez-vous, enfin, que lorsque l’on parle régime, les extrémistes sont dangereux et que l’on peut utiliser le mot diminuer, mais jamais celui de supprimer.