La mélatonine n’est pas seulement l’hormone du sommeil: la recherche lui découvre de nouvelles propriétés extrêmement importantes

Philippe Lagarde

La Mélatonine est une neuro-hormone  synthétisée dans l’épiphyse (glande pinéale) à partir d’un neurotransmetteur, la Sérotonine,  en réponse à l’absence de lumière déterminée par les récepteurs de la rétine.

Les derniers travaux scientifiques découvrent que la mélatonine a de multiples fonctions autres qu’hormonales, en particulier comme antioxydant. Elle jouerait également un rôle particulier dans la protection de l’ADN nucléaire et dans l’ADN mitochondrial.

Elle possède une propriété antioxydante particulière en fonction de la malignité ou de la normalité cellulaire.

Dans les cellules non tumorales, la mélatonine agit comme un antioxydant impliqué dans les systèmes de protection cellulaire des organismes* qui traverse facilement les parois cellulaires ou la barrière hémato-encéphalique. Elle détruit ou inhibe l’action de certains radicaux libres et éléments facteurs de stress oxydatif tels que le radical hydroxyle (-OH), le peroxyde d’hydrogène, le monoxyde d’azote, l’anion peroxynitrite, l’acide peroxynitreux, et l’acide chlorhydrique. Les produits de chacune de ces réactions ont été identifiés dans les systèmes chimiques purs et dans un cas au moins in vivo. Les produits secondaires issus de l’interaction de la mélatonine avec l’ion OH (la 3-hydroxymélatonine cyclique) sont par exemple retrouvés dans l’urine des humains et des rats.

Paradoxalement, dans les cellules tumorales (in vitro sur des cellules humaines leucémiques), ce capteur de radicaux libres stimule au contraire, par des mécanismes encore (en 2011) mal compris, la production d’espèces réactives de l’oxygène (ERO, ROS pour les anglophones) capables de leur faire subir l’apoptose alors que la mélatonine empêche l’apoptose dans les cellules saines**. De manière générale, elle semble jouer un rôle régulateur de l’apoptose***. Des observations de ce type ont aussi été faites pour le cancer du sein (in vitro et in vivo)****.

*Tan D. X., Manchester L. C., Reiter R. J., Qui W. B. Karbownik M., Calvo J. R. (2000) Significance of melatonin in antioxidative defense system: reaction Bejarano I, Espino J, Marchena AM, Barriga C, Paredes SD, Rodríguez AB, Pariente JA, Melatonin enhances hydrogen peroxide-induced apoptosis in

**human promyelocytic leukaemia HL-60 cells ; Mol Cell Biochem. 2011 Jul;353(1-2):167-76. Epub 2011 Mar 23 and products. Biol. Signal. Recept. 9: 137-159

***  Cucina A, Proietti S, D’Anselmi F, Coluccia P, Dinicola S, Frati L, Bizzarri M., Evidence for a biphasic apoptotic pathway induced by melatonin in MCF-7 breast cancer cells ; J Pineal Res. 2009 Mar; 46(2):172-80. Epub 2008 Oct 29

****  Sánchez-Barceló EJ, Cos S, Fernández R, Mediavilla MD. , Melatonin and mammary cancer: a short review. Endocr Relat Cancer. 2003 Jun; 10(2):153-9. 

Elle semble aussi jouer un rôle dans le système immunitaire.

La mélatonine endogène produite par le système pinéal influe positivement sur le système immunitaire*. Associée au calcium, la mélatonine peut également aider à la réponse immunitaire des lymphocytes T. Son utilisation médicale pour augmenter la réponse est cependant soumise à controverse puisqu’elle favoriserait également les maladies auto-immunes.

  *E.B. Arushanian, E.V. Beĭer, « Immunotropic properties of pineal melatonin », Eksperimental’naia i Klinicheskaia Farmakologiia, vol. 65, no 5,‎ 2002p. 73-80

Ces découvertes montrent l’importance de la melatonine dans la prévention et les traitements de soutien aux cancéreux.

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