Cancer : la chirurgie est – t – elle obligatoire ?

Philippe Lagarde

Tout d’abord il faut préciser que le mot Cancer englobe divers types de cancers. Il existe d’abord des cancers « solides » constituées de tissus « durs » et d’autres qui intéressent  le sang et les organes hématopoïétiques  ( leucémies, lymphomes). Pour ces derniers la chirurgie ne représente pas une indication, au contraire.
La chirurgie trouve donc son indication éventuelle dans le cas de tumeurs « dures ». Dans ce cas nous nous trouverons devant  2 situations :
La première, il s’agira d’une complication d’un cancer qui met en danger le patient. Par exemple une occlusion ou une hémorragie. La chirurgie est  alors un geste incontournable et urgent.
La seconde, un diagnostic de tumeur, plus ou moins importante, mais sans encore de complications majeures. Ceci nous permet alors de faire un bilan complet du cas:  biologique, imagerie, et éventuellement histologie. Le problème de la biopsie, parfois discutable, est imposée par la loi tout comme le sont les vaccinations. Enfin se rappeler que les micro métastases sont indétectables.
Chaque type de tumeur (localisation, histologie, métastases présentes, etc.) aura sa technique opératoire bien définie. La chirurgie n’est pas suffisante pour traiter les cancers, mais ce qu’elle sait faire elle le fait en général bien. Il faut seulement ne pas lui demander ce qu’elle n’est pas capable de faire. Par contre il faut demander au chirurgien de consulter un cancérologue général avant l’intervention en espérant qu’il soit compétent. D’autre part, il faut savoir quand il faut s’abstenir. Dilemme difficile à résoudre parfois.

Alors pourquoi donc la chirurgie n’est-elle pas suffisante?  Elle ne suffit pas parce que le cancers est une maladie qui a diffusé dans l’organisme (métastases) et n’est plus une maladie locale, mais une MALADIE GENERALE, lorsque nous la diagnostiquons. Cette notion, rejetée il n’y a pas longtemps encore par beaucoup, est enfin admise. Et comme l’a dit le Prof. POUYARD « l’urgence en cancérologie n’est pas d’opérer mais de traiter les micro métastases. Il faut donc utiliser la chimiothérapie dite néo-adjuvante avant l’intervention. » Ceci est moins  bien accepté par les chirurgiens. On dit que la vérité ne triomphe jamais mais que les tenants de l’erreur finissent par mourir, j’espère qu’il n’en sera pas ainsi pour  toujours en médecine..

Je cite ici les propres écrits des Prof. JACQUILLAT et KHAYAT et je pense qu’ils ne les renieront pas:
« Le fait de réaliser l’exérèse de la tumeur primaire a une action sur l’apparition de métastases. Le rôle ainsi favorisant de l’exérèse chirurgicale primaire justifierait l’institution d’une chimiothérapie générale encadrant le geste chirurgical pour diminuer ce potentiel métastatique. Elle permet de préserver l’équilibre entre le foyer primaire et les foyers secondaires et ferait qu’ainsi l’exérèse du premier n’engendre pas le développement des seconds ». (Les Cancers Ed. Maloine Fevrier 1986. Page 374)

Enfin, je rappellerai également la notion des chalones, substances secrétées par certaines tumeurs mères et qui bloqueraient le développement des micro métastases (FELDMAN grand prix de la recherche 1988 et PEETERS Surgery 2005 137 : 246-249). Opérer de telles tumeurs sans chimiothérapie néo adjuvante serait catastrophique.  L.ISRAEL a écrit en 1990: « Sachez que l’existence des chalones est encore ignorée d’un grand nombre de chirurgiens et de spécialistes ».
Ceci dit, il n’en reste pas moins que, la chirurgie est dans la majorité des cas indispensable dans la stratégie du traitement des tumeurs dures. Ceci est indiscutable.
Mais, il y a un mais. La chirurgie n’est pas  codifiée de façon satisfaisante par rapport à ce que nous savons en oncologie générale, elle n’est pas utilisée au mieux, au bon moment. La notion de la chimiothérapie néo adjuvante, la notion du moment favorable déterminé par l’état général, l’état du système immunitaire, les biorythmes du malade, le cycle menstruel pour la femme, autant d’inconnus pour la majorité des chirurgiens. Les vieux chirurgiens étaient peut être en retard techniquement par rapport à notre époque, n’avaient pas à disposition les moyens d’investigation actuels, internet pour se documenter, mais ils avaient la notion du moment favorable et, le patient n’était pas seulement un numéro, notions perdues par la plupart de nos techniciens-chirurgiens. Certains sourirons, mais par exemple, le rythme de la lune était respecté lorsque c’était possible, à juste raison. Bien sur, de nos jours, le rythme des vacances passe avant celui de la lune. Ceci est une boutade hélas si réelle !
Car, bien préparer son patient à la chirurgie est pourtant si important. Alors si votre équipe médicale néglige cette préparation, plutôt que de se battre, en général inutilement, réservez votre énergie et faites le vous-même en se faisant conseiller si possible  par un médecin  au courant.

Conclusion :  Il n’est pas possible de se passer de chirurgie dans la majorité des cas de cancer.
Discuter avec les chirurgiens est extrêmement difficile. Leurs techniques en général n’est pas en cause. Mais cette technique est mal utilisée et cela est probablement du à l’enseignement défaillant de la cancérologie générale. Le Prof. ISRAEL dans Cancer aujourd’hui disait : « Nos chirurgiens valent ceux de n’importe quel pays, mais ils vivent sur des théories qui avaient cours il y a 15 ans. Mais la médecine générale a fait  depuis quelques progrès autres que ceux de la technique, ne le savez vous donc pas ? »

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Qui est le Dr. Lagarde

Philippe LAGARDE est un médecin connu, spécialisé en oncologie, mondialement connu pour sa conception particulière de l’application des traitements de chimiothérapie et son grand dévouement pour ses patients touchés par le cancer.

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